Madones toscanes

Un jour, dans les allées d'un musée florentin, on la découvre : elle est là sur la toile. Un léger voile de tristesse aux paupières, elle incline la tête en protégeant son jeune enfant. 

Par dévotion peut-être un artiste a répandu la lumière divine dans le visage de notre mère céleste. La Madone existe pour nous et notre extase n'aura pas de fin. Mille et un pinceaux la célébreront, n'auront plus d'yeux que pour elle, alors même que s'essouffle en Occident la flambée théocentrique d'antan. Dans les années fastes de la Renaissance toscane, sa figure idéale demeure pourtant. Malgré les saintes rivales, Cécile, Anne et Catherine, qui elles aussi séduisent et protègent. Mais l'air du temps a choisi d'infléchir les traits parfois trop éthérés de ces personnages sacrés, de redynamiser leur apparence, de la rendre plus humaine. Les créatures auréolées entament désormais leur terrestre parcours : elles prendront le délicieux visage de la femme aimée, de la compagne du peintre, de ses rêves inassouvis. La Madone - vierge souveraine - s'est muée peu à peu en madone. On ne la rencontre plus seulement dans les églises, elle apparaît dans les palais et dans les villes, elle respire l'air pur des campagnes. Fresque, toile ou statue, elle est devenue le sujet de prédilection des plus grands artistes toscans. Tant il est vrai qu'on ne parle avec amour que de ces êtres dont la grâce nous a fascinés pour l'éternité. Au fil des pages de ce beau livre, Jean Kokelberg évoque les visages fleuris dont se sont abreuvés les grands maîtres toscans - de Botticelli à Raphaël. Notre-Dame ou noble dame, radieuse Vénus ou élégante jeune fille, plus d'une soixantaine de tableaux illustrent cet hymne à la beauté féminine.


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